Principaux résultats

A quoi servent les orchestres en classe ?

Pour les personnes qui ont participé à l’enquête, l’orchestre en classe vise comme objectif prioritaire le plaisir de faire de la musique en groupe. Il s’agit là d’une composante essentielle selon tous les répondants. Elle est à la base des apprentissages musicaux et du développement des compétences sociales. Elle se concrétise par la réalisation d’activités où l’interdépendance entre chacun est très forte et est vue comme un moyen d’améliorer la cohésion de la classe. L’orchestre en classe privilégie ainsi des aspects divertissants sans pour autant laisser de côté des éléments plus contraignants liés à l’apprentissage instrumental ou au respect mutuel.

A quel point les acteurs sont-ils motivés ?

L’orchestre en classe est une activité qui motive aussi bien les élèves que les enseignants. Cela s’explique par son caractère authentique qui est en lien direct avec la réalité sociale des élèves. Cela explique le fort engagement des élèves qui voient un lien immédiat entre les efforts qu’ils consentent et les résultats soumis au regard d’un public – certes bienveillant –, mais bien réel.

L’engagement des filles et celui des garçons sont quasiment identiques alors même que les filles semblent plus attirées par cette activité que les garçons lorsqu’elles débutent. On peut constater un léger fléchissement entre la 7H et le 8H. Par contre, contrairement à ce que l’on voit habituellement, l’engagement des élèves reste constant d’une année à l’autre. Par contre leur sentiment de compétence augmente.

Les adultes ont, eux aussi, une perception très positive de la motivation des élèves. Tous les enseignants voient une grande utilité à la pratique instrumentale qui s’explique par les buts qu’ils attribuent à l’orchestre en classe. De leur côté, ils démontrent également une grande volonté de s’engager même si ce type de projet semble nécessiter un gros investissement parfois en dehors du temps scolaire proprement dit.

Quels sont les effets des orchestres en classe ?

Les élèves et les parents estiment que les apprentissages réalisés à l’orchestre en classe sont relativement modestes, leur appréciation est plus faible que celle des enseignants qui estiment, au contraire, que les apprentissages effectués par les élèves sont très importants. Cette différence s’explique peut-être par le fait que les enseignants ne limitent pas les apprentissages à la seule maîtrise instrumentale et estiment que des progrès significatifs sont faits sur d’autres aspects comme l’écoute, la lecture de notes, de rythmes, les capacités à se repérer, à démarrer au bon moment, à compter les mesures ... autant de compétences dont les élèves ne seraient pas nécessairement conscients.

Une activité comme l’orchestre en classe a une incidence sur les compétences sociales des élèves et le climat de classe. Cet effet est important au début de l’expérience, mais reste très contextualisé et situé. Ainsi, il est plutôt visible durant les cours d’orchestre en classe et ne « contaminent » que légèrement les autres situations scolaires. Les compétences transversales comme la persévérance ou la concentration sont difficiles à évaluer en dehors des situations d’orchestre en classe même si les perceptions des MDAS et des professeurs d’instrument sont très positives à ce propos. 

Les propos des enseignants révèlent que les élèves en difficultés à l’école peuvent aussi avoir de la peine à suivre durant les cours d’orchestre en classe. Les écarts se creusent relativement vite entre ceux qui avancent rapidement et ceux pour qui il serait nécessaire d’avoir plus de temps. Cela dit, le fait que le projet débouche sur une prestation où tout le monde a son rôle à tenir permet à chacun (fort ou moins fort) de s’approprier le succès de l’expérience et de renforcer ainsi son image de soi. En ce sens, l’orchestre en classe est profitable pour tous les élèves. Cette confiance en soi et cette fierté sont cependant variables d’un contexte social à l’autre. Selon les dires des élèves, il semble que le fait de jouer d’un instrument dans certains milieux soit plus difficile à porter que dans d’autres.

Quel est le degré de satisfaction des acteurs impliqués ?

La satisfaction des personnes impliquées dans les orchestres en classe est très bonne. Elle est sans doute liée aux très bonnes conditions proposées aux enseignants, aux élèves et à leurs parents. Certes, le seul bémol que l’on pourrait évoquer est le fait que l’activité soit imposée, mais comme elle n’occasionne aucuns frais et qu’elle peut amener des bénéfices sur de nombreux aspects, elle emporte une large adhésion. Le format proposé en termes d’horaire hebdomadaire, de durée des répétitions et de partenariat avec les écoles de musique (notamment au moment où les coaches interviennent) est très apprécié et efficace. Les enseignants ne voient pas d’inconvénient au fait que des fondations privées interviennent dans le financement de ces activités.

Une grande satisfaction est aussi visible en matière de collaboration entre enseignants. Les élèves y trouvent leur compte autant que les enseignants eux-mêmes. La bonne répartition des tâches entre enseignants fait écho au bon partenariat entre écoles publiques et écoles privées où chacun semble y trouver son compte.

Eléments de questionnement

Plusieurs éléments de réflexion ressortent de cette étude. Le premier concerne la spécificité des contextes dans lesquels le projet se déroule. Chaque école a des particularités qui modulent à la fois la satisfaction des personnes impliquées et leur engagement. La généralisation de l’expérience constitue également un point de discussion. On pourrait en effet souhaiter que tous les élèves puissent bénéficier d’un tel dispositif, mais, en même temps, sa réussite actuelle (notamment sur le plan financier) repose sur le fait que les sollicitations de soutien restent modérées. L’idée de démarrer l’expérience plus tôt est encore avancée par plusieurs répondants. Là encore, si l’on peut souhaiter une initiation plus précoce (dès la 4H ou 5H), on risque de se heurter à un accroissement de l’hétérogénéité des compétences musicales développées par les élèves. Ce dernier aspect est un élément pédagogique intéressant dans la mesure où il contraint les enseignants à trouver des moyens pour gérer les vitesses d’apprentissages différentes des élèves. Enfin, les compétences et les savoirs développés par les élèves devraient être déclinés dans un référentiel explicite permettant de montrer aux élèves leurs apprentissages. Le recours à un portfolio centré sur le processus compléterait avantageusement le dispositif qui reste principalement orienté vers la réalisation de projets (concerts, prestations ...).